Selon the Sydney Morning Herald Tribune, la championne du
monde du 800 m Caster Semenya serait hermaphrodite. Le journal australien
explique que les examens ordonnés par la Fédération internationale d'athlétisme
(IAAF) ont prouvé que Semenya possédait à la fois des organes génitaux féminins
et masculins. Les rapports médicaux indiquent que la jeune Sud-Africaine n'a
pas d'ovaires, mais possède au contraire des testicules internes qui produisent
de la testostérone et l'avantagent donc par rapport à ses concurrentes.
Toujours d'après le SMHT, l'IAFF chercherait à contacter
l'athlète pour l'informer des résultats de ses analyses. Pour rappel, après
avoir remporté le 800 m des mondiaux de Berlin, Semenya avait passé des examens
sanguins et chromosomiques et avait subi des tests gynécologiques.
Pour le porte-parole de l'IAAF, Nick Davies, il est clair
qu' "il s'agit d'un problème médical et non pas d'un cas de dopage où elle
aurait triché délibérément." Et il ajoute : "Les résultats de ces
tests ne peuvent laisser supposer une quelconque entorse à la règle. Ils tendent
en revanche à accréditer l'hypothèse selon laquelle Semenya bénéficierait d'un
avantage médical indéniable sur ses rivales. Il n'y a pas d'annulation
automatique des résultats dans un cas comme celui-là."
L'IAAF avait expliqué il y a quelque temps que Semenya
conserverait sans doute sa médaille d'or, quels que soient les résultats de ses
analyses, car son cas ne relevait pas d'un problème de dopage. Mais le journal
australien révèle la possibilité que la dauphine de Semenya à Berlin, la
Kényane Janeth Jepkosgei, reçoive elle aussi une médaille d'or.
Jeudi, Pierre Weiss, le secrétaire général de l'IAAF, avait
indiqué que la fédération internationale ne rendrait son arbitrage sur le cas
de Caster Semenya que le 20 ou le 21 novembre, à l'occasion du conseil exécutif
de l'IAAF.
Sylvia Rae Rivera, née le à New York et morte le , est une militante transgenre. Elle est considérée comme une participante de Stonewall et a participé au mouvement de revendication homosexuelle.
Sylvia
Rivera, qui a milité tout au long du processus de lutte de Stonewall, est la
fondatrice de S.T.A.R., un foyer pour toutes les drag queens, les travestis et
les trans qui n’avaient ni toit, ni emploi.
« Je
ne croyais pas dans une révolution, mais vous êtes en train de la faire. Je
crois dans le gay power. Je crois que nous gagnerons des droits, ou sinon je ne
serais pas ici luttant pour eux. C’est tout ce que je veux vous dire. Si vous
voulez avoir des nouvelles des personnes en prison – et n’oubliez pas Bambi
l’Amour, Andorra Marks, Kenny Messner, et les autres gays emprisonnés – venez
nous voir au local de STAR. »
Discours de Sylvia Rivera (1951-2002) au meeting pour la libération gay.
On en sait
maintenant beaucoup sur la révolte de Stonewall du 28 juin 1969. Mais on
connaît peu de choses sur les militant-e-s qui ont été les acteurs de la
réponse à cette descente policière, à laquelle les gays, les lesbiennes et les
trans ont répondu parce qu’ils et elles en avaient assez de l’impunité. Dans
cet article, on voudrait dépoussiérer la vie d’une trans qui a joué un rôle
pionnier en posant les rues comme instrument de lutte pour conquérir la liberté
sexuelle sur tous les plans.
Une petite étoile dans l’obscurité
L’enfance de
Sylvia n’a pas été très heureuse. Selon ses propres mots, le deuxième mariage
de sa mère était « très instable » : « mon beau-père
était un drogué. Il a menacé de nous tuer, elle, ma sœur et moi. J’avais trois
ans. A ses 22 ans, ma mère a mis du raticide dans le lait, elle l’a bu et en a
laissé un peu pour moi. Quand mon père et ma sœur me l’ont arraché des mains en
voyant mon ventre gonflé, j’ai vu ma mère en vie pour la dernière fois :
après avoir été trois jours à l’hôpital, elle est morte. »
Elevée par
sa grand-mère qui n’a jamais accepté ni sa sexualité ni son identité, elle a
commencé à se travestir en cachette à partir de 8 ans. Elle emmenait avec elle
les vêtements à l’école et dans les toilettes elle se maquillait. « J’utilisais
du maquillage quand j’étais en CE1. Je le faisais parce que j’aimais le
maquillage, je ne pensais pas que je faisais quelque chose de mal. Je me
rappelle que mon professeur m’a demandé des comptes à ce propos et je lui ai
dit ‘Bien sûr que ma grand-mère est au courant’. »
A seulement
dix ans et un sac plein de rêves, elle part à New York, où elle est adoptée par
plusieurs drag queens qui habitaient près de Times Square. Elle a également
habité à Brooklyn, et on peut dire que son toit changeait selon la nuit et la
disponibilité de ses amies.
Un papillon aguerri
Pendant son
adolescence elle rencontrera sa camarade de lutte Marsha Johnson. Elles
partageaient alors leurs jours et leurs nuits. « On mangeait et dormait
dans les manifestations. On faisait ce qu’on pensait. Et ce que font
aujourd’hui les quelques-unes d’entre nous qui sommes prêtes à déranger les
gens et à heurter leurs sensibilités, est ce qu’on pense qu’il faut faire. Il
faut le faire parce que nous ne pouvons pas rester invisibles. Nous devons être
visibles. Nous ne devrions pas avoir honte de ce que nous sommes. Il faut
montrer au monde que nous sommes nombreuses. Il y a beaucoup d’entre nous dans
le monde », raconte Sylvia Rivera.
Sylvia et
Marsha vivaient dans diverses maisons, et même dans des camions. A cette époque
il y avait des parkings abandonnés où les LGBTI allaient expérimenter – de
manière clandestine – leurs désirs, mais où ils vivaient aussi entassés dans
des camions et des wagons abandonnés.
Lors de la
descente de Stonewall, Sylvia a été une des actrices les plus aguerries et
aussi une des premières critiques de la stratégie du mouvement LGBTI. Elle
affirme qu’après Stonewall, les organisations lesbiennes ou homosexuelles ont
perdu leur tranchant et l’esprit de lutte qui s’est exprimé dans les rues
contre l’ordre établi, au profit d’une stratégie qui faisait confiance au lobby
parlementaire.
« C’est ce que j’ai dit tout ce temps pendant le mois de
la fierté : ce n’est pas ma fierté, c’est leur fierté. On ne m’a pas
encore donné la mienne. Je ne me suis jamais sentie fière pour rien, sauf quand
j’ai été en train de libérer des gays autour du monde. J’ai eu beaucoup
d’enfants à ma charge et je m’assois toujours à l’arrière du bus, je lutte
encore en accueillant des transsexuels dans ma propre maison, en leur donnant
de l’éducation ou en les sortant des drogues », raconte Sylvia.
« La
nuit de Stonewall a été, pour tout le monde, comme une grande fête à ciel ouvert.
Les gens étaient tristes, et moi également. Nous pleurions la mort de Judy
Garland. Quelques personnes ont dit que l’émeute a eu lieu à cause de la mort
de Judy Garland, mais ce n’est pas vrai. Judy n’a rien fait pour les émeutes.
Rien n’avait été prévu. C’est quelque chose qui simplement a eu lieu. »
Face à cette
problématique émerge en 1971 S.T.A.R. (Action de Travestis des Rues
Révolutionnaires). Mais STAR en tant qu’organisation apparaissait déjà à la
manifestation du Weinstein Hall de l’Université de New York en 1970. Face à
l’interdiction, prononcée par l’université, visant tout évènement gay, les
activistes ont organisé un sit-in. STAR, appelé d’abord Street Travestites for
Gay Power (Travestis de Rue pour le Pouvoir Gay), est née de la frustration que
le mouvement gay refuse de se défendre face à la police.
Les fêtes
n’étaient pas une priorité. L’accès à un repas par jour, à la santé et à un lit
où dormir ont poussé Sylvia à prendre en main cette lutte. « La maison
STAR est née après la manifestation de Weinstein Hall, parce que plusieurs
d’entre nous vivions ensemble. Marsha et moi avions loué deux chambres et il
n’y avait pas encore assez de place pour tout le monde. Avec l’aide du Gay
Liberation Front et de la Gay Youth, on a réussi à collecter assez d’argent
pour aller parler avec la mafia et louer notre premier immeuble.
Le but de
cette maison était très important parce qu’elle assurait un repas par jour et
un lit où dormir. De la même manière, les habitantes discutaient de la
nécessité de se défendre de la police et des attaques transphobes. L’échange de
tactiques se centrait principalement dans l’identification de situations de
sécurité et de protection face à la police. La police et les arrestations,
réalités quotidiennes, étaient souvent violentes.
Le projet
est arrivé à sa fin en 1973, lors du quatrième anniversaire de Stonewall, quand
on nous a dit qu’on était une menace et une honte pour les femmes parce que les
lesbiennes se sont senties offensées par nos vêtements et notre maquillage.
Tout ceci s’est fini lors d’une bataille brutale sur la tribune de Washington
Square Park entre moi et des gens que j’avais considérés comme mes camarades et
mes amies. »
La lutte d’hier est la lutte d’aujourd’hui
Pendant la
décennie 1990, Sylvia a continué à lutter. Malgré une tentative de suicide en
1995, malgré la mort de Marsha, décédée dans des circonstances obscures,
probablement assassinée par la police, elle a survécu aux drogues et a continué
à dénoncer la discrimination systématique que vivent les trans, transsexuels et
travestis.
Sylvia a
repris le militantisme dans les dernières années de sa vie. Elle a donné des
conférences et a livré un récit à la première personne sur Stonewall,
témoignant du besoin d’unité des personnes trans et des secteurs opprimés pour
lutter pour son héritage. Elle a voyagé en Italie pour la Millennium March en
2000 et y a été acclamée comme la Mère de toutes les personnes LGBTI.
En 2001
Sylvia a dit : « Je vis maintenant à Transy House, avec Julia. On
vit ici depuis quatre ans. C’est une maison communale dirigée par Rusty (Mae
Moore) et Chelsea Goodwin. Elles l’ont inaugurée il y a quatre ans et se sont
inspirées de la maison STAR. Il s’agit d’un refuge pour les filles qui
travaillent encore aujourd’hui dans les rues. Elles ont un toit sur leurs têtes
sans avoir besoin de se prostituer pour en payer un. Les habitantes payent
50 $ la semaine si elles peuvent. Si ce n’est pas le cas, elles aident à
entretenir le lieu. Une fille nettoie pour compenser son logement. Les seules
règles sont l’interdiction des drogues et que les filles qui travaillent ici
fassent leurs business. Une des activités politiques qu’on mène, c’est de faire
pression pour la légalisation de la marijuana médicinale pour les malades
atteints de cancer ou du sida, ainsi que les luttes pour les droits des
trans. » On peut dire que STAR a été réouverte cette année.
Sylvia est
morte d’un cancer du foie le 19 février 2002 à l’hôpital St. Vincent de New
York.
La continuité de l’irrévérence
La lutte de
Sylvia est une partie fondamentale de notre histoire. Seule une lutte radicale
contre le système capitaliste qui se base sur l’exploitation et l’oppression de
millions d’être humains peut asseoir les bases du développement d’une
libération sexuelle totale. Dépoussiérer ces figures revient aussi à lutter
contre le sens commun et la pleine confiance dans le fait que le lobby
parlementaire puisse accomplir l’égalité pour les secteurs opprimés. Pour
lutter contre les crimes transphobes, les attaques homophobes et lesbophobes
ainsi que toute forme d’oppression, il faut faire entendre une voix radicale
parce que, même aujourd’hui, l’égalité devant la loi n’est pas l’égalité dans
la vie.