Pendant 5 jours, les chercheurs
et activistes du monde entier se sont retrouvés à Melbourne pour échanger et
planifier la suite du combat contre le sida.
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Association PARI-T
SIDA/ VIH |
Endeuillée par la
mort de certains de ses intervenants dans le crash du vol MH17 en Ukraine,
parmi lesquels le Néerlandais Joep Lange, la 20e conférence internationale sur
le sida s'est tenue du 20 au 25 juillet à Melbourne, en Australie. Une
opportunité pour les plus grands experts mondiaux de se rencontrer, d'échanger
et d'harmoniser la lutte mondiale contre ce fléau qui a déjà causé la mort de
plus de 30 millions de personnes. L'occasion aussi de faire le bilan des
progrès effectués dans la prévention et dans la prise en charge des personnes
infectées.
Des résultats
encourageants
La lutte contre
le sida a connu des avancées considérables ces dernières années. La première
est l'exceptionnel développement de l'accès aux traitements antirétroviraux.
Entre 2002 et 2012, le nombre de personnes en situation d'en bénéficier a été
multiplié par 40 ! Cette diffusion croissante a permis de faire baisser la
mortalité de 35 % depuis 2001. Dans le monde, alors que le nombre de victimes
diminuait d'environ 100 000 morts par an depuis 2005, il a diminué de près de
12 % en un an passant de 1,7 million en 2012 à 1,5 en 2013. Dans un rapport
publié ce mois-ci, l'OMS préconisait d'ailleurs aux homosexuels même sains la
prise d'antirétroviraux à titre préventif.
Le nombre de
nouvelles infections diminue également, de 27,6 % dans le monde entre 2005 et
aujourd'hui. Face à de tels résultats, l'Onusida estime que "mettre fin à
l'épidémie de sida est possible" d'ici 2030. Signe encourageant, les aides
de la communauté internationale ont énormément augmenté ces dix dernières
années, passant de 4,6 milliards de dollars (3,4 milliards d'euros) en 2003 à
19,1 milliards en 2013. L'Onusida estime qu'il en faudrait entre 22 et 24
milliards pour combattre efficacement le virus.
Les populations à
risque trop marginalisées
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Un important
travail reste en revanche à effectuer dans certaines régions. Aujourd'hui, 17
pays représentent à eux seuls 75 % des nouvelles contaminations. Le
Moyen-Orient, le Maghreb, l'Asie orientale et l'Europe de l'Est notamment,
connaissent une recrudescence des nouvelles infections et de la mortalité.
Selon les observateurs, cela est en grande partie dû au durcissement des lois
contre les populations à risque dans ces pays. On pense aux homosexuels, bien
sûr, mais aussi aux toxicomanes, ainsi qu'aux nombreuses femmes victimes de la
prostitution. Toutes les heures, 50 nouvelles jeunes femmes sont infectées par
le sida dans le monde. Outre l'Afrique subsaharienne et le Moyen-Orient, la
Russie est elle aussi particulièrement visée dans le rapport.
C'est ce problème
qui s'est retrouvé au centre de la conférence. Ces populations stigmatisées, de
peur d'être identifiées voire arrêtées, n'osent plus contacter les organismes
de santé et se faire dépister. Ainsi, l'Onusida estime que, sur les 35 millions
de personnes infectées, 19 millions ignoreraient qu'elles le sont. Autant de
personnes qui n'ont de fait pas accès au traitement puisqu'elles ignorent même
en avoir besoin.
"Personne
sur le bord du chemin"
Rappelons que les
pratiques homosexuelles sont punies dans encore 79 pays et passibles de la
peine de mort dans 7 d'entre eux. Pour Michel Sidibé, directeur exécutif de
l'Onusida, "ce rapport de 19 sur 35 millions d'infectés qui ignorent leur
situation nous donne pour la première fois un éclairage sur les personnes
oubliées, les personnes laissées pour compte. Nous ne gagnerons pas si nous
oublions ces personnes". Ce fut ainsi le thème de la réunion plénière du
24 juillet : "Personne sur le bord du chemin". Occasion de mettre
l"'accent sur le nécessaire dépistage. Autre mesure préconisée par les
chercheurs : la circoncision qui permettrait de réduire de 50 à 60 % les risques
de contamination pour les hommes. Enfin, l'Onusida appelle également à la
poursuite de l'accroissement de l'aide financière internationale. Les espoirs
bâtis autour de l'enfant du Mississippi, cette fillette née avec le sida que
les médecins croyaient avoir guéri, ont été douchés. Il faut donc continuer à
agir sans attendre un vaccin.
Source : Le
Point.fr