"C'était pour me sauver, j'ai été
humilié", s'est défendu Hasan Demir jugé devant la cour d'assises de
l'Hérault pour le meurtre d'un travesti, retrouvé égorgé et lardé de
coups de couteau en août 2006.
"Reconnaissez-vous les faits dont vous
êtes accusé ?", a demandé le président Henri Pons. "Oui, j'ai donné
beaucoup de coups de couteau. Il est mort malheureusement. Mais c'était
pour me sauver", a répondu Hasan Demir.
Maillot blanc de la marine américaine,
manches retroussées, cet homme de 35 ans, le crâne dégarni, le corps
renforcé par des années de musculation, se tient droit. Le regard tourné
vers les jurés, il livre longuement et parfois de façon trouble sa
version de la mort de Guy Labarrière, un ancien rugbyman, surnommé le
Bison, et devenu Éva, un travesti prostitué.
"Je rentrais chez moi. Je marchais dans la
rue. A côté de la sécurité sociale, deux hommes, dont un travesti,
m'ont attrapé par les bras. Ils sentaient l'alcool. Ils m'ont demandé
mon portefeuille. J'ai dit 'lâchez-moi'. Ils m'ont amené dans un
appartement au deuxième étage avec un couteau sous la gorge", a expliqué
Demir dans un français hésitant.
"Je pensais qu'il allaient me relâcher.
J'ai voulu partir. Il y avait un costaud et l'autre plus mince. Il m'a
mis à genoux, m'a mis son sexe devant la bouche. Je
lui crache dessus. Le travesti s'est placé derrière moi, m'a relevé et
une bagarre a éclaté alors que l'autre (NDLR: cet homme n'a jamais été
retrouvé) avait quitté l'appartement.", a poursuivi l'accusé, affirmant
avoir "eu peur de mourir" et s'être "senti humilié".
Selon Hasan Demir, s'il a donné des coups
de couteau c'est pour se défendre. Combien ? Il ne s'en souvient plus.
Mais de préciser: "Je ne voulais pas le tuer".
Les légistes ont relevé une trentaine de
coups de couteau sur le visage et le tronc, dont quatre de type
égorgement et une cinquantaine post mortem au niveau de l'abdomen ainsi
que des blessures de défense.
Menace de dénonciation
"Quand on se défend, on peut accepter cinq, six,
sept coups", a repris le président Pons, relevant aussi que des voisins
ont témoigné avoir entendu des appels à l'aide de la victime.
"La réaction défensive explique
difficilement le nombre de coups. Si vous avez peur, vous donnez un,
deux ou trois coups et vous foutez le camp", a agréé le psychiatre, le
Dr Jean-Claude Penochet.
"Il y a comme une rage homicide", a-t-il
estimé, émettant l'hypothèse que l'accusé a "peut-être voulu chercher un
travesti par attrait pour l'homosexualité" ce qui "ne veut pas dire
qu'il est homo".
"Dans sa vie sexuelle, il peut avoir un
attrait caché. Or combattre cet attrait est d'une banalité clinique. Il
se peut que cet image ait été difficilement supportable pour lui",
a-t-il ajouté.
La question pour le président était donc
de savoir s'il ne connaissait pas déjà ce travesti, à la réputation
d'homme sympathique. D'autant que des témoignages de membres de sa
famille, dont sa mère, vont dans ce sens.
"Non", s'est insurgé Hasan Demir, à
"l'intelligence au dessus de la moyenne", selon les experts. "Il n'a
aucune maladie et aucun trouble de la personnalité", a souligné le Dr
Penochet. "Il n'a pas de tendance homosexuelle" a insisté son avocat Luc
Abratkiewicz, lisant une déclaration de sa première femme, Svegi, un
amour d'enfance.
C'est à sa seconde épouse, Hélène, que
Demir a raconté son crime le soir même. Et c'est elle qui le dénoncera
quatre ans plus tard après leur séparation parce qu'elle ne supportait
plus sa violence, son alcoolisme.
"C'est de ma faute", a admis l'accusé à
propos de cette rupture. Et presque de trouver une excuse à ses
débordements: "A chaque dispute, elle menaçait de me dénoncer".
Les réquisitions et le verdict sont prévus lundi.
(Source AFP)
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