Nous publions ci-dessous une vidéo extraite d’un reportage réalisé par Rodrigo Bertolotto pour le site brésilien UOL,
sur la situation des personnes trans au Brésil. En effet, il s’agit de
montrer les différents contours de la réalité de la vie des « femmes
trans » ou « travestis », comme certaines se revendiquer en hommage aux
premières activistes LGBT qui se sont battues contre la répression de la
dictature brésilienne (1964-1985).
Au-delà des caricatures autour des « trans brésiliennes »,
il est important de mettre l’accent sur les difficultés quotidiennes et
les violences qu’elles subissent. Exclusion du monde du travail,
discrimination et humiliations multiples dans les institutions scolaires
et de la santé, violences physiques comme morales... Comme c’est
indiqué dans le reportage sur UOL, alors que le Brésil est le « plus
grand consommateur mondial de pornographie impliquant des travestis
(89% de plus que la moyenne mondiale selon le site RedTube) (…) [le
Brésil] est le pays qui tue le plus de travestis et de transsexuelles
(quatre fois plus que le deuxième pays dans la liste, le Mexique) selon
l’ONG Transgender Europe ».
Dans la vidéo ci-dessous, outre la question de la prostitution, sont
abordées les discriminations et les difficultés à intégrer le marché de
l’emploi, ce qui précisément pousse beaucoup de trans à se prostituer.
Mais il est aussi question des bas salaires, des conditions de travail
parfois humiliantes, de la misère des trans venues des régions pauvres
du Nord du Brésil vers des villes plus riches du sud comme São Paulo.
Dans la vidéo on évoque également la question de l’identité de genre, de
la relation à la chirurgie esthétique et à la question du changement de
sexe.
Le tout est abordé de façon très décomplexée et aide à rompre avec
préjugés et caricatures sur ces minorités de genre très opprimées et
réprimées dans la société.
Philippe Alcoy
Informationes: RévolutionPermanent
vendredi 29 juillet 2016
mercredi 20 juillet 2016
Changement d'état civil : une seule solution, l'autodétermination !
Pari-Transgenres association loi 1901 |
[Communiqué
commun des associations OUTrans (Paris), Acceptess-T (Paris), C’est pas mon
genre (Lille), Ouest Trans (Bretagne), TRANS INTER Action (Nantes), Chrysalide
(Lyon), Association Nationale Transgenre, Pari-T, Acronymes, collectif
Existrans, avec le soutien du centre LGBT de Touraine et d’Act Up Paris]
Après des
années de lutte intense des associations trans, rassemblées notamment autour
des revendications du collectif Existrans, l'assemblée nationale vient de voter
ce mardi 12 juillet un texte qui affirme vouloir mettre fin à l'exigence
d'attestations et d’expertises médicales ou psychiatriques dans les procédures
de changement de mention de sexe à l'état civil.
Nous
resterons mobiliséEs et vigilantEs pour que cet objectif soit systématiquement
respecté dans les demandes de CEC des personnes trans. Surtout, nous dénonçons
le blocage systématique du gouvernement pour empêcher une procédure de CEC
libre et gratuite en mairie qui seule serait à même de répondre avec certitude
à cet objectif, en respectant réellement l'auto-détermination des personnes,
comme préconisé par le Défenseur des Droits.
NON,
Monsieur Binet, le tissu associatif trans français n’a JAMAIS demandé à faire
l’impasse sur la déjudiciarisation de nos changements d’état civil. Vous affirmez
avec aplomb que « Dès le début de nos discussions, nous avons, en accord avec
les associations, écarté l’idée de la déclaration devant l’officier d’état
civil ». Or, dès notre courrier interassociatif envoyé aux parlementaires fin
2015 et cosigné par la quasi totalité des associations trans, nous
recommandions exactement l'inverse de ce que vous prétendez défendre en notre
nom. Et nous n’avons eu de cesse de le répéter depuis.
Dans le
texte voté le 12 juillet, le législateur laisse à nouveau la place à l’arbitraire
du juge au centre de nos vies. Mais ni les psychiatres, ni les médecins, ni les
juges ne sauront jamais mieux que les personnes concernées qui elles sont et
comment elles doivent être identifiées à l’état civil. L’autodétermination
n’est pas un principe négociable !
Au-delà de
l'impact symbolique et concret de l'appréciation aléatoire des juges sur la
légitimité des demandes de CEC, nous nous inquiétons aussi de la durée des
procédures devant le tribunal de grande instance, pratiquement impossible à
encadrer comme nous l'avons expliqué à maintes reprises. Nous continuons donc
d’exiger la seule solution réellement rapide : un changement d’état civil
auprès de l’officier d’état civil sur simple déclaration comme c’est le cas
dans d’autres pays comme l'Argentine, le Danemark, la Colombie, l'Irlande, et
dernièrement la Norvège.
Nous
regrettons aussi l'exclusion de la procédure des mineurEs, en dehors des
mineurEs émancipéEs. Elle donne un très mauvais signal aux parents et aux
autres adultes qui entourent les enfants trans, alors même que ces enfants ont
besoin de tout le soutien de ces adultes et de la société pour vivre librement
et sereinement leur transidentité. De la même manière, les personnes nées à
l'étranger doivent pouvoir bénéficier de procédures semblables aux personnes
nées en France et adaptées à leurs situations particulières, pour que leurs
prénoms et mention de sexe soient modifiés suivant leurs besoins sur leur titre
de séjour. Le combat des associations trans continue pour que l'autodétermination
des personnes, nos corps et nos identités soit enfin respectés !
Nous
rappelons enfin que nous avons travaillé depuis le mois de juillet 2015 auprès
du Défenseur des Droits et qu’il a lui-même suivi nos recommandations sur le
changement d’état civil dans sa décision cadre du 24 juin 2016. Ces
recommandations s’appuient non seulement sur l’histoire de nos luttes depuis
plus de 15 ans, mais aussi sur ce que les associations, les experts juridiques,
les chercheurs ont analysé et documenté : un CEC dépsychiatrisé et
déjudiciarisé est non seulement possible, mais nécessaire, pour lutter
efficacement contre les discriminations et permettre aux personnes trans de
sortir de la précarité, d’avoir un meilleur accès aux soins, à l’éducation, au
marché du travail.
Nous
encourageons l’ensemble des parlementaires à défendre notre parole et nos
revendications. Pour un tournant décisif vers l'émancipation des Trans du joug
de la psychiatrie et de l'arbitraire des juges, il est encore temps pour le
gouvernement de soutenir une modification en ce sens de l’article 18 quater du
projet de loi Justice du 21ème siècle !
mardi 19 juillet 2016
Selon un essai thérapeutique, la stratégie du traitement pris 4 jours sur 7 est encourageante
Une recherche financée par l'ANRS, et rendue publique à
Durban, semble démontrer que l'allégement thérapeutique, ça marche. Reste à
confirmer ces bons résultats préliminaires avec une étude de plus grande
ampleur.
Et si le Pr Jacques Leibowitch avait finalement eu raison
avant tout le monde. Son essai d'allégement de traitement, ICCARRE, réalisé à
l'hôpital de Garches, avait montré que l'on pouvait maintenir une charge virale
indétectable (l'objectif de tout traitement contre le VIH) tout en diminuant le
nombre de prises.
Au lieu de prendre le traitement sept jours sur sept, les
patients se voyaient proposer de passer à six, puis cinq puis quatre jours de
traitement par semaine. Une fois qu'il avait démontré la pertinence de cette
stratégie, Jacques Leibowitch, un des pionniers de la lutte contre le sida et
une personnalité un peu iconoclaste, avait réussi, avec son équipe, à impliquer
l'Agence nationale de recherches sur le sida (ANRS) pour une recherche plus
poussée. L'essai ANRS 4 D (pour quatre jours) a permis de maintenir une charge
virale indétectable (à moins de 50 copies) chez 96 des 100 patients de l'étude.
Ces résultats sont présentés par le Dr Pierre de Truchis, de
l'hôpital Raymond Poincaré de Garches (AP-HP), lors de la 21ème Conférence
internationale sur le sida (AIDS 2016), qui se tient à Durban en Afrique du
Sud, jusqu'au 22 Juillet.
Mais pour l'ANRS, qui a communiqué ce matin ces données
encourageantes, «ces résultats doivent être confirmés par un essai randomisé,
de plus grande ampleur, et sur une plus longue période. L'essai ANRS QUATUOR
démarrera à la fin 2016 avec cet objectif.»
ALLÈGEMENT THÉRAPEUTIQUE
L'allègement thérapeutique ne présente que des avantages:
moins de prises, ce sont moins d'effets secondaires, une meilleure qualité de
vie pour les personnes atteintes par le VIH. C'est aussi une forte réduction
des coûts des traitements, qui reste particulièrement élevés dans les pays du
Nord. Plusieurs stratégies sont en cours
d'étude en France et dans le monde pour évaluer l'intérêt de réduire les doses
de médicaments ou le nombre de prises ou encore d'épargner une classe de médicaments.
Les 100 patients inclus dans l'essai 4D étaient traités par
antirétroviraux en trithérapie depuis en moyenne cinq ans, et avaient une
charge virale indétectable depuis quatre ans. Seuls quatre patients ont du
reprendre le traitement 7 jours sur 7. Pour les 96 autres participants, au bout
de 48 semaines, la charge virale reste indétectable (moins de 50 copies).
ESSAI À PLUS GRANDE ÉCHELLE
Dans le nouvel essai à plus grande échelle, l'ANRS va
comparer deux groupes de patients, sur une plus longue période et avec des
antirétroviraux plus récents. L'agence annonce que 640 patients devraient être
recrutés dans plusieurs centres hospitaliers, dont la moitié recevra pendant 48
semaines un traitement 4/7 jours et l'autre moitié 7/7 jours. Si des résultats
similaires étaient observés dans les deux groupes, tous les patients de l’essai
passeraient au traitement 4/7 jours pendant 48 semaines supplémentaires.
L'essai cherchera à démontrer que la stratégie 4/7 jours est non-inférieure à
la stratégie continue, en d'autres termes qu'à efficacité égale, les patients
du groupe "Allègement" retireront des bénéfices secondaires de ce
protocole (moins d'effets secondaires, meilleure observance …).
Bien sûr, il est trop tôt pour recommander cette stratégie
pour le plus grand nombre. Les actuelles recommandations internationales sont
d'initier un traitement le plus tôt possible après la découverte de la
séropositivité, quel que soit le niveau des lymphocytes CD4, et ce, de manière
continue.
Logo association Pari-T loi 1901 |
Source : Yagg.
Publié par Christophe
Martet
jeudi 14 juillet 2016
Un amendement veut faciliter le changement d’identité sexuelle
Un
amendement au projet de loi « justice du XXIe siècle »
propose que les transsexuels
puissent changer de sexe à l’état civil, même sans
avoir subi d’opération médicale.
Faciliter le
changement de sexe à l’état civil pour les personnes transsexuelles : tel est
le but d’un amendement à la loi « justice du XXIe siècle »,
en discussion au mois de mai 2016, déposé par une quarantaine de députés de
gauche.
Cet
amendement dispose qu’une personne pourra modifier la mention du sexe à l’état
civil dès lors que la mention initiale, de naissance, « ne correspond
pas (au sexe) dans lequel (la personne) se présente et dans
lequel elle est connue ».
Une procédure aujourd’hui coûteuse et incertaine
Autrement
dit, un homme qui se sentirait femme et en aurait pris l’apparence après, par
exemple, un traitement hormonal ou de la chirurgie esthétique, pourrait
demander à devenir une femme à l’état civil. Et ce, quand bien même cette
personne n’aurait pas subi d’opération chirurgicale de ses organes génitaux.
Selon les
auteurs de l’amendement, « entre 10 000 et 15 000 personnes
sont engagées ou ont achevé un parcours de transition sexuelle » et
sont actuellement « soumises à une procédure longue, coûteuse,
incertaine » quand elles souhaitent changer d’identité.
De fait,
plusieurs tribunaux ont récemment rejeté des demandes de changement d’état
civil faute d’opération, bien qu’il n’existe aucune règle de droit précise en
la matière. En 2013, la Cour de cassation avait seulement estimé que le
demandeur devait « établir le caractère irréversible de la
transformation de son apparence ».
L’obligation d’opération chirurgicale au cœur du
problème
Mais cette
jurisprudence est contraire à celle de l’Europe, estiment les auteurs de
l’amendement. Trois plaignants français ont d’ailleurs saisi la Cour européenne
des droits de l’homme, estimant que le refus de modifier leur identité était
contraire à l’article 8 de la Convention européenne sur le respect de leur
vie privée, mais aussi à l’article 3 sur les traitements inhumains ou
dégradants.
Pour eux,
l’obligation de subir une opération chirurgicale correspond en effet à une
stérilisation forcée. « Il y a, derrière l’opération chirurgicale
réclamée par certains, la volonté manifeste d’empêcher ceux ayant changé de
sexe d’enfanter », estime Magaly Lhotel, une avocate spécialisée dans
la défense des transsexuels.
Il s’agirait
notamment d’empêcher une femme présentant l’apparence d’un homme mais ayant
gardé son utérus de pouvoir être enceinte. La décision de la CEDH devrait
intervenir d’ici au mois de juillet 2016, mais plusieurs observateurs
estiment d’ores et déjà très probable que la France soit condamnée.
> À
lire aussi : Le droit des transsexuels à changer
d’identité fait débat
Le transsexualisme, longtemps considéré comme une
pathologie
Reste que
pour ses détracteurs, cet amendement constitue une rupture juridique et morale
majeure. « Jusqu’ici, le transsexualisme a toujours été considéré comme
une pathologie médicale qui pouvait être soignée par une opération
chirurgicale, explique Gregor Puppinck, directeur du Centre européen pour
le droit et la justice.
Ce n’est que
dans un deuxième temps que la société a accepté que l’état civil soit modifié
après l’opération. Avec cet amendement, le changement de sexe n’est plus
considéré comme une pathologie mais comme une liberté, l’homme pouvant choisir
son identité sexuelle totalement indépendamment de la réalité biologique et
physique. »
Cet
amendement participe selon lui d’une « culture à la mode » qui
veut que « la liberté de l’homme s’exerce contre et au-delà de la
nature, comme si plus on s’opposait à la nature, plus on était homme ».
Le juriste rejette cette « vision transhumaniste », mais
surtout sa transcription en droit : « Le droit reflète la réalité, il
ne doit pas la changer. On ne peut pas l’utiliser comme une réalité de
substitution, totalement subjective. »
Source : La croix
Pour Flore Thomasset
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