Pari-Transgenres association loi 1901 |
[Communiqué
commun des associations OUTrans (Paris), Acceptess-T (Paris), C’est pas mon
genre (Lille), Ouest Trans (Bretagne), TRANS INTER Action (Nantes), Chrysalide
(Lyon), Association Nationale Transgenre, Pari-T, Acronymes, collectif
Existrans, avec le soutien du centre LGBT de Touraine et d’Act Up Paris]
Après des
années de lutte intense des associations trans, rassemblées notamment autour
des revendications du collectif Existrans, l'assemblée nationale vient de voter
ce mardi 12 juillet un texte qui affirme vouloir mettre fin à l'exigence
d'attestations et d’expertises médicales ou psychiatriques dans les procédures
de changement de mention de sexe à l'état civil.
Nous
resterons mobiliséEs et vigilantEs pour que cet objectif soit systématiquement
respecté dans les demandes de CEC des personnes trans. Surtout, nous dénonçons
le blocage systématique du gouvernement pour empêcher une procédure de CEC
libre et gratuite en mairie qui seule serait à même de répondre avec certitude
à cet objectif, en respectant réellement l'auto-détermination des personnes,
comme préconisé par le Défenseur des Droits.
NON,
Monsieur Binet, le tissu associatif trans français n’a JAMAIS demandé à faire
l’impasse sur la déjudiciarisation de nos changements d’état civil. Vous affirmez
avec aplomb que « Dès le début de nos discussions, nous avons, en accord avec
les associations, écarté l’idée de la déclaration devant l’officier d’état
civil ». Or, dès notre courrier interassociatif envoyé aux parlementaires fin
2015 et cosigné par la quasi totalité des associations trans, nous
recommandions exactement l'inverse de ce que vous prétendez défendre en notre
nom. Et nous n’avons eu de cesse de le répéter depuis.
Dans le
texte voté le 12 juillet, le législateur laisse à nouveau la place à l’arbitraire
du juge au centre de nos vies. Mais ni les psychiatres, ni les médecins, ni les
juges ne sauront jamais mieux que les personnes concernées qui elles sont et
comment elles doivent être identifiées à l’état civil. L’autodétermination
n’est pas un principe négociable !
Au-delà de
l'impact symbolique et concret de l'appréciation aléatoire des juges sur la
légitimité des demandes de CEC, nous nous inquiétons aussi de la durée des
procédures devant le tribunal de grande instance, pratiquement impossible à
encadrer comme nous l'avons expliqué à maintes reprises. Nous continuons donc
d’exiger la seule solution réellement rapide : un changement d’état civil
auprès de l’officier d’état civil sur simple déclaration comme c’est le cas
dans d’autres pays comme l'Argentine, le Danemark, la Colombie, l'Irlande, et
dernièrement la Norvège.
Nous
regrettons aussi l'exclusion de la procédure des mineurEs, en dehors des
mineurEs émancipéEs. Elle donne un très mauvais signal aux parents et aux
autres adultes qui entourent les enfants trans, alors même que ces enfants ont
besoin de tout le soutien de ces adultes et de la société pour vivre librement
et sereinement leur transidentité. De la même manière, les personnes nées à
l'étranger doivent pouvoir bénéficier de procédures semblables aux personnes
nées en France et adaptées à leurs situations particulières, pour que leurs
prénoms et mention de sexe soient modifiés suivant leurs besoins sur leur titre
de séjour. Le combat des associations trans continue pour que l'autodétermination
des personnes, nos corps et nos identités soit enfin respectés !
Nous
rappelons enfin que nous avons travaillé depuis le mois de juillet 2015 auprès
du Défenseur des Droits et qu’il a lui-même suivi nos recommandations sur le
changement d’état civil dans sa décision cadre du 24 juin 2016. Ces
recommandations s’appuient non seulement sur l’histoire de nos luttes depuis
plus de 15 ans, mais aussi sur ce que les associations, les experts juridiques,
les chercheurs ont analysé et documenté : un CEC dépsychiatrisé et
déjudiciarisé est non seulement possible, mais nécessaire, pour lutter
efficacement contre les discriminations et permettre aux personnes trans de
sortir de la précarité, d’avoir un meilleur accès aux soins, à l’éducation, au
marché du travail.
Nous
encourageons l’ensemble des parlementaires à défendre notre parole et nos
revendications. Pour un tournant décisif vers l'émancipation des Trans du joug
de la psychiatrie et de l'arbitraire des juges, il est encore temps pour le
gouvernement de soutenir une modification en ce sens de l’article 18 quater du
projet de loi Justice du 21ème siècle !
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