Une recherche financée par l'ANRS, et rendue publique à
Durban, semble démontrer que l'allégement thérapeutique, ça marche. Reste à
confirmer ces bons résultats préliminaires avec une étude de plus grande
ampleur.
Et si le Pr Jacques Leibowitch avait finalement eu raison
avant tout le monde. Son essai d'allégement de traitement, ICCARRE, réalisé à
l'hôpital de Garches, avait montré que l'on pouvait maintenir une charge virale
indétectable (l'objectif de tout traitement contre le VIH) tout en diminuant le
nombre de prises.
Au lieu de prendre le traitement sept jours sur sept, les
patients se voyaient proposer de passer à six, puis cinq puis quatre jours de
traitement par semaine. Une fois qu'il avait démontré la pertinence de cette
stratégie, Jacques Leibowitch, un des pionniers de la lutte contre le sida et
une personnalité un peu iconoclaste, avait réussi, avec son équipe, à impliquer
l'Agence nationale de recherches sur le sida (ANRS) pour une recherche plus
poussée. L'essai ANRS 4 D (pour quatre jours) a permis de maintenir une charge
virale indétectable (à moins de 50 copies) chez 96 des 100 patients de l'étude.
Ces résultats sont présentés par le Dr Pierre de Truchis, de
l'hôpital Raymond Poincaré de Garches (AP-HP), lors de la 21ème Conférence
internationale sur le sida (AIDS 2016), qui se tient à Durban en Afrique du
Sud, jusqu'au 22 Juillet.
Mais pour l'ANRS, qui a communiqué ce matin ces données
encourageantes, «ces résultats doivent être confirmés par un essai randomisé,
de plus grande ampleur, et sur une plus longue période. L'essai ANRS QUATUOR
démarrera à la fin 2016 avec cet objectif.»
ALLÈGEMENT THÉRAPEUTIQUE
L'allègement thérapeutique ne présente que des avantages:
moins de prises, ce sont moins d'effets secondaires, une meilleure qualité de
vie pour les personnes atteintes par le VIH. C'est aussi une forte réduction
des coûts des traitements, qui reste particulièrement élevés dans les pays du
Nord. Plusieurs stratégies sont en cours
d'étude en France et dans le monde pour évaluer l'intérêt de réduire les doses
de médicaments ou le nombre de prises ou encore d'épargner une classe de médicaments.
Les 100 patients inclus dans l'essai 4D étaient traités par
antirétroviraux en trithérapie depuis en moyenne cinq ans, et avaient une
charge virale indétectable depuis quatre ans. Seuls quatre patients ont du
reprendre le traitement 7 jours sur 7. Pour les 96 autres participants, au bout
de 48 semaines, la charge virale reste indétectable (moins de 50 copies).
ESSAI À PLUS GRANDE ÉCHELLE
Dans le nouvel essai à plus grande échelle, l'ANRS va
comparer deux groupes de patients, sur une plus longue période et avec des
antirétroviraux plus récents. L'agence annonce que 640 patients devraient être
recrutés dans plusieurs centres hospitaliers, dont la moitié recevra pendant 48
semaines un traitement 4/7 jours et l'autre moitié 7/7 jours. Si des résultats
similaires étaient observés dans les deux groupes, tous les patients de l’essai
passeraient au traitement 4/7 jours pendant 48 semaines supplémentaires.
L'essai cherchera à démontrer que la stratégie 4/7 jours est non-inférieure à
la stratégie continue, en d'autres termes qu'à efficacité égale, les patients
du groupe "Allègement" retireront des bénéfices secondaires de ce
protocole (moins d'effets secondaires, meilleure observance …).
Bien sûr, il est trop tôt pour recommander cette stratégie
pour le plus grand nombre. Les actuelles recommandations internationales sont
d'initier un traitement le plus tôt possible après la découverte de la
séropositivité, quel que soit le niveau des lymphocytes CD4, et ce, de manière
continue.
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Source : Yagg.
Publié par Christophe
Martet
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