Deux passagers
séropositifs et un de leurs amis ont porté plainte pour discrimination contre
une compagnie chinoise qui leur avait refusé l'embarquement, a rapporté
vendredi un média d'Etat - la première affaire de ce type à être examinée par
la justice en Chine.
S'apprêtant à
prendre un vol de Shenyang (nord-est) à Shijiazhuang, au sud de Pékin, les deux
voyageurs avaient fait état de leur condition alors qu'ils s'enregistraient au
comptoir de Spring Airlines, a relaté le journal Global Times.
Le personnel de
la compagnie chinoise low-cost leur avait aussitôt refusé l'autorisation
d'embarquer, ainsi qu'à l'ami qui les accompagnait, signifiant au trio que
leurs tickets avaient été annulés.
Les trois
passagers poursuivent désormais Spring Airlines en justice, accusant la
compagnie de discrimination et lui réclamant des excuses publiques ainsi que
des dommages et intérêts de 48.999 yuans (5.950 euros).
Un tribunal de
Shenyang a accepté de se pencher sur leur cas, a ajouté le Global Times,
précisant que c'est la première fois que la justice chinoise examine une
plainte concernant des discriminations présumées contre des séropositifs.
Ces dernières
sont pourtant monnaie courante en Chine, où elles sont même en partie
institutionnalisées: les séropositifs sont ainsi interdits d'accès aux postes
de la fonction publique. Beaucoup encourent le risque de se voir licenciés si
leur employeur vient à l'apprendre, et certains se sont même vu refuser toute
prise en charge médicale par des hôpitaux publics. Et ce n'est qu'en 2010 que
Pékin a levé l'interdiction faite aux citoyens étrangers porteurs du HIV
d'entrer dans le pays.
Alors que le
sujet est longtemps resté tabou, des hauts responsables politiques ont commencé
ces dernières années a évoquer plus ouvertement les actions de prévention
contre le sida, mais les préjugés et les discriminations restent fortes.
Le sida ne connait pas de loi reagissez |
Selon les lois
chinoises sur le transport aérien, les compagnies ont le droit de refuser
l'embarquement aux porteurs de maladies contagieuses ou susceptibles de mettre
en danger les autres passagers. Mais Spring Airlines n'avait pas le droit de
refuser ces trois personnes à l'aéroport de Shenyang, car aucun élément ne
suggérait qu'elles risquaient de contaminer qui que ce soit, a argumenté Liu
Wei, l'avocat des plaignants.
Interrogé mardi
par un autre média chinois, Wang Zhenghua, président de la compagnie, a nié
toute politique de discrimination et a rejeté la responsabilité de l'incident
sur les employés locaux, qui auraient fait montre de "nervosité".
Mais il a également reproché aux deux séropositifs impliqués de s'être fait
"ouvertement remarquer comme tels", au risque selon lui de faire
paniquer les passagers alentours. Des commentaires qui ont suscité des
réactions indignées de la part d'internautes chinois.
(Source AFP)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire