vendredi 29 juillet 2016

Les vies des trans au Brésil. Prostitution, sexualité, identité de genre

Nous publions ci-dessous une vidéo extraite d’un reportage réalisé par Rodrigo Bertolotto pour le site brésilien UOL, sur la situation des personnes trans au Brésil. En effet, il s’agit de montrer les différents contours de la réalité de la vie des « femmes trans » ou « travestis », comme certaines se revendiquer en hommage aux premières activistes LGBT qui se sont battues contre la répression de la dictature brésilienne (1964-1985).

Au-delà des caricatures autour des « trans brésiliennes », il est important de mettre l’accent sur les difficultés quotidiennes et les violences qu’elles subissent. Exclusion du monde du travail, discrimination et humiliations multiples dans les institutions scolaires et de la santé, violences physiques comme morales... Comme c’est indiqué dans le reportage sur UOL, alors que le Brésil est le « plus grand consommateur mondial de pornographie impliquant des travestis (89% de plus que la moyenne mondiale selon le site RedTube) (…) [le Brésil] est le pays qui tue le plus de travestis et de transsexuelles (quatre fois plus que le deuxième pays dans la liste, le Mexique) selon l’ONG Transgender Europe ».

Dans la vidéo ci-dessous, outre la question de la prostitution, sont abordées les discriminations et les difficultés à intégrer le marché de l’emploi, ce qui précisément pousse beaucoup de trans à se prostituer. Mais il est aussi question des bas salaires, des conditions de travail parfois humiliantes, de la misère des trans venues des régions pauvres du Nord du Brésil vers des villes plus riches du sud comme São Paulo. Dans la vidéo on évoque également la question de l’identité de genre, de la relation à la chirurgie esthétique et à la question du changement de sexe.

Le tout est abordé de façon très décomplexée et aide à rompre avec préjugés et caricatures sur ces minorités de genre très opprimées et réprimées dans la société.



Philippe Alcoy
Informationes: RévolutionPermanent 

mercredi 20 juillet 2016

Changement d'état civil : une seule solution, l'autodétermination !


Pari-Transgenres association loi 1901

[Communiqué commun des associations OUTrans (Paris), Acceptess-T (Paris), C’est pas mon genre (Lille), Ouest Trans (Bretagne), TRANS INTER Action (Nantes), Chrysalide (Lyon), Association Nationale Transgenre, Pari-T, Acronymes, collectif Existrans, avec le soutien du centre LGBT de Touraine et d’Act Up Paris]

Après des années de lutte intense des associations trans, rassemblées notamment autour des revendications du collectif Existrans, l'assemblée nationale vient de voter ce mardi 12 juillet un texte qui affirme vouloir mettre fin à l'exigence d'attestations et d’expertises médicales ou psychiatriques dans les procédures de changement de mention de sexe à l'état civil.

Nous resterons mobiliséEs et vigilantEs pour que cet objectif soit systématiquement respecté dans les demandes de CEC des personnes trans. Surtout, nous dénonçons le blocage systématique du gouvernement pour empêcher une procédure de CEC libre et gratuite en mairie qui seule serait à même de répondre avec certitude à cet objectif, en respectant réellement l'auto-détermination des personnes, comme préconisé par le Défenseur des Droits.

NON, Monsieur Binet, le tissu associatif trans français n’a JAMAIS demandé à faire l’impasse sur la déjudiciarisation de nos changements d’état civil. Vous affirmez avec aplomb que « Dès le début de nos discussions, nous avons, en accord avec les associations, écarté l’idée de la déclaration devant l’officier d’état civil ». Or, dès notre courrier interassociatif envoyé aux parlementaires fin 2015 et cosigné par la quasi totalité des associations trans, nous recommandions exactement l'inverse de ce que vous prétendez défendre en notre nom. Et nous n’avons eu de cesse de le répéter depuis.

Dans le texte voté le 12 juillet, le législateur laisse à nouveau la place à l’arbitraire du juge au centre de nos vies. Mais ni les psychiatres, ni les médecins, ni les juges ne sauront jamais mieux que les personnes concernées qui elles sont et comment elles doivent être identifiées à l’état civil. L’autodétermination n’est pas un principe négociable !

Au-delà de l'impact symbolique et concret de l'appréciation aléatoire des juges sur la légitimité des demandes de CEC, nous nous inquiétons aussi de la durée des procédures devant le tribunal de grande instance, pratiquement impossible à encadrer comme nous l'avons expliqué à maintes reprises. Nous continuons donc d’exiger la seule solution réellement rapide : un changement d’état civil auprès de l’officier d’état civil sur simple déclaration comme c’est le cas dans d’autres pays comme l'Argentine, le Danemark, la Colombie, l'Irlande, et dernièrement la Norvège.

Nous regrettons aussi l'exclusion de la procédure des mineurEs, en dehors des mineurEs émancipéEs. Elle donne un très mauvais signal aux parents et aux autres adultes qui entourent les enfants trans, alors même que ces enfants ont besoin de tout le soutien de ces adultes et de la société pour vivre librement et sereinement leur transidentité. De la même manière, les personnes nées à l'étranger doivent pouvoir bénéficier de procédures semblables aux personnes nées en France et adaptées à leurs situations particulières, pour que leurs prénoms et mention de sexe soient modifiés suivant leurs besoins sur leur titre de séjour. Le combat des associations trans continue pour que l'autodétermination des personnes, nos corps et nos identités soit enfin respectés ! 

Nous rappelons enfin que nous avons travaillé depuis le mois de juillet 2015 auprès du Défenseur des Droits et qu’il a lui-même suivi nos recommandations sur le changement d’état civil dans sa décision cadre du 24 juin 2016. Ces recommandations s’appuient non seulement sur l’histoire de nos luttes depuis plus de 15 ans, mais aussi sur ce que les associations, les experts juridiques, les chercheurs ont analysé et documenté : un CEC dépsychiatrisé et déjudiciarisé est non seulement possible, mais nécessaire, pour lutter efficacement contre les discriminations et permettre aux personnes trans de sortir de la précarité, d’avoir un meilleur accès aux soins, à l’éducation, au marché du travail. 

Nous encourageons l’ensemble des parlementaires à défendre notre parole et nos revendications. Pour un tournant décisif vers l'émancipation des Trans du joug de la psychiatrie et de l'arbitraire des juges, il est encore temps pour le gouvernement de soutenir une modification en ce sens de l’article 18 quater du projet de loi Justice du 21ème siècle !

mardi 19 juillet 2016

Selon un essai thérapeutique, la stratégie du traitement pris 4 jours sur 7 est encourageante



Une recherche financée par l'ANRS, et rendue publique à Durban, semble démontrer que l'allégement thérapeutique, ça marche. Reste à confirmer ces bons résultats préliminaires avec une étude de plus grande ampleur.


 Et si le Pr Jacques Leibowitch avait finalement eu raison avant tout le monde. Son essai d'allégement de traitement, ICCARRE, réalisé à l'hôpital de Garches, avait montré que l'on pouvait maintenir une charge virale indétectable (l'objectif de tout traitement contre le VIH) tout en diminuant le nombre de prises.

Au lieu de prendre le traitement sept jours sur sept, les patients se voyaient proposer de passer à six, puis cinq puis quatre jours de traitement par semaine. Une fois qu'il avait démontré la pertinence de cette stratégie, Jacques Leibowitch, un des pionniers de la lutte contre le sida et une personnalité un peu iconoclaste, avait réussi, avec son équipe, à impliquer l'Agence nationale de recherches sur le sida (ANRS) pour une recherche plus poussée. L'essai ANRS 4 D (pour quatre jours) a permis de maintenir une charge virale indétectable (à moins de 50 copies) chez 96 des 100 patients de l'étude.

Ces résultats sont présentés par le Dr Pierre de Truchis, de l'hôpital Raymond Poincaré de Garches (AP-HP), lors de la 21ème Conférence internationale sur le sida (AIDS 2016), qui se tient à Durban en Afrique du Sud, jusqu'au 22 Juillet.

Mais pour l'ANRS, qui a communiqué ce matin ces données encourageantes, «ces résultats doivent être confirmés par un essai randomisé, de plus grande ampleur, et sur une plus longue période. L'essai ANRS QUATUOR démarrera à la fin 2016 avec cet objectif.»

ALLÈGEMENT THÉRAPEUTIQUE

L'allègement thérapeutique ne présente que des avantages: moins de prises, ce sont moins d'effets secondaires, une meilleure qualité de vie pour les personnes atteintes par le VIH. C'est aussi une forte réduction des coûts des traitements, qui reste particulièrement élevés dans les pays du Nord.  Plusieurs stratégies sont en cours d'étude en France et dans le monde pour évaluer l'intérêt de réduire les doses de médicaments ou le nombre de prises ou encore d'épargner une classe de médicaments.

Les 100 patients inclus dans l'essai 4D étaient traités par antirétroviraux en trithérapie depuis en moyenne cinq ans, et avaient une charge virale indétectable depuis quatre ans. Seuls quatre patients ont du reprendre le traitement 7 jours sur 7. Pour les 96 autres participants, au bout de 48 semaines, la charge virale reste indétectable (moins de 50 copies).

ESSAI À PLUS GRANDE ÉCHELLE

 
Dans le nouvel essai à plus grande échelle, l'ANRS va comparer deux groupes de patients, sur une plus longue période et avec des antirétroviraux plus récents. L'agence annonce que 640 patients devraient être recrutés dans plusieurs centres hospitaliers, dont la moitié recevra pendant 48 semaines un traitement 4/7 jours et l'autre moitié 7/7 jours. Si des résultats similaires étaient observés dans les deux groupes, tous les patients de l’essai passeraient au traitement 4/7 jours pendant 48 semaines supplémentaires. L'essai cherchera à démontrer que la stratégie 4/7 jours est non-inférieure à la stratégie continue, en d'autres termes qu'à efficacité égale, les patients du groupe "Allègement" retireront des bénéfices secondaires de ce protocole (moins d'effets secondaires, meilleure observance …).

Bien sûr, il est trop tôt pour recommander cette stratégie pour le plus grand nombre. Les actuelles recommandations internationales sont d'initier un traitement le plus tôt possible après la découverte de la séropositivité, quel que soit le niveau des lymphocytes CD4, et ce, de manière continue.


Logo association Pari-T loi 1901


Source : Yagg.
 Publié par Christophe Martet

jeudi 14 juillet 2016

Un amendement veut faciliter le changement d’identité sexuelle



Un amendement au projet de loi « justice du XXIe siècle » propose que les transsexuels 
puissent changer de sexe à l’état civil, même sans avoir subi d’opération médicale.
Faciliter le changement de sexe à l’état civil pour les personnes transsexuelles : tel est le but d’un amendement à la loi « justice du XXIe siècle », en discussion au mois de mai 2016, déposé par une quarantaine de députés de gauche.
 
PARI-T Association loi 1901 pour les droits de personnes transgenres
30, rue Boucry 75018 Paris 

Cet amendement dispose qu’une personne pourra modifier la mention du sexe à l’état civil dès lors que la mention initiale, de naissance, « ne correspond pas (au sexe) dans lequel (la personne) se présente et dans lequel elle est connue ».

Une procédure aujourd’hui coûteuse et incertaine

Autrement  dit, un homme qui se sentirait femme et en aurait pris l’apparence après, par exemple, un traitement hormonal ou de la chirurgie esthétique, pourrait demander à devenir une femme à l’état civil. Et ce, quand bien même cette personne n’aurait pas subi d’opération chirurgicale de ses organes génitaux.

Selon les auteurs de l’amendement, « entre 10 000 et 15 000 personnes sont engagées ou ont achevé un parcours de transition sexuelle » et sont actuellement « soumises à une procédure longue, coûteuse, incertaine » quand elles souhaitent changer d’identité.

De fait, plusieurs tribunaux ont récemment rejeté des demandes de changement d’état civil faute d’opération, bien qu’il n’existe aucune règle de droit précise en la matière. En 2013, la Cour de cassation avait seulement estimé que le demandeur devait « établir le caractère irréversible de la transformation de son apparence ».

L’obligation d’opération chirurgicale au cœur du problème

Mais cette jurisprudence est contraire à celle de l’Europe, estiment les auteurs de l’amendement. Trois plaignants français ont d’ailleurs saisi la Cour européenne des droits de l’homme, estimant que le refus de modifier leur identité était contraire à l’article 8 de la Convention européenne sur le respect de leur vie privée, mais aussi à l’article 3 sur les traitements inhumains ou dégradants.
Pour eux, l’obligation de subir une opération chirurgicale correspond en effet à une stérilisation forcée. « Il y a, derrière l’opération chirurgicale réclamée par certains, la volonté manifeste d’empêcher ceux ayant changé de sexe d’enfanter », estime Magaly Lhotel, une avocate spécialisée dans la défense des transsexuels.

Il s’agirait notamment d’empêcher une femme présentant l’apparence d’un homme mais ayant gardé son utérus de pouvoir être enceinte. La décision de la CEDH devrait intervenir d’ici au mois de juillet 2016, mais plusieurs observateurs estiment d’ores et déjà très probable que la France soit condamnée.


Le transsexualisme, longtemps considéré comme une pathologie

Reste que pour ses détracteurs, cet amendement constitue une rupture juridique et morale majeure. « Jusqu’ici, le transsexualisme a toujours été considéré comme une pathologie médicale qui pouvait être soignée par une opération chirurgicale, explique Gregor Puppinck, directeur du Centre européen pour le droit et la justice.

Ce n’est que dans un deuxième temps que la société a accepté que l’état civil soit modifié après l’opération. Avec cet amendement, le changement de sexe n’est plus considéré comme une pathologie mais comme une liberté, l’homme pouvant choisir son identité sexuelle totalement indépendamment de la réalité biologique et physique. »

Cet amendement participe selon lui d’une « culture à la mode » qui veut que « la liberté de l’homme s’exerce contre et au-delà de la nature, comme si plus on s’opposait à la nature, plus on était homme ». Le juriste rejette cette « vision transhumaniste », mais surtout sa transcription en droit : « Le droit reflète la réalité, il ne doit pas la changer. On ne peut pas l’utiliser comme une réalité de substitution, totalement subjective. »

Source : La croix

Pour Flore Thomasset